In memoriam: Les conquêtes utiles de sir Hillary, premier à gravir l'Everest
Par David Servenay (Rue89)
Les livres d'histoire retiendront sans doute de l'épopée de sir Edmund Hillary cette symbolique première: l'ascension de l'Everest, le 29 mai 1953, en compagnie du sherpa Tenzin Norgay. Peut-être se souviendront-ils aussi de sa traversée de l'Antarctique? De ses coups de gueule contre le réchauffement climatique? Ou de cette sacrée habitude de regarder les matches des All Blacks tout seul? Mais qui se souviendra de l'aide fournie par l'Himalayan Trust?.
"J'ai ainsi rendu aux gens toute l'aide qu'ils m'ont donnée quand j'étais dans les montagnes"
Dans un livre publié en 2006, "Au sommet de l'Everest", sir Hillary racontait en détail sa philosophie simple de la vie. D'abord apiculteur près d'Auckland, il avait découvert petit à petit la joie de l'effort, du dépassement menant à un dépouillement ultime de l'homme.
Mais, là où bien d'autres n'ont livré que le profil du héros antique, sans peur et sans reproche, Hillary parlait d'or en évoquant ses "exploits", lui, seul Néo-Zélandais d'une expédition entièrement dévouée à la Couronne britannique et dirigée par un colonel de l'armée.
Devenu héros international en redescendant du sommet de 8 848 mètres, il avait d'ailleurs enchaîné sans vergogne sommets et aventures impossibles, comme le raconte Bernard Moos:
"C'est en 1955 qu'Hillary rejoint l'expédition transantarctique britannique de Vivian E. Fuchs. Ils traversent alors tout le continent en tracteur des neiges pour rejoindre le pôle le 5 Janvier 1958. Cette expédition est la première depuis celle, tragique, de Robert F. Scott en 1912."
Il aura fallu cinquante ans, à l'occasion des cérémonies célébrant la conquête (les Népalais lui avaient alors accordé une citoyenneté d'honneur, la première décernée à un étranger), pour qu'il livre le fonds de sa pensée:
"Quand je regarde en arrière, je n'ai aucun doute: les choses les plus importantes que j'ai accomplies ne furent ni l'ascension de ces montagnes ni mes voyages aux extrémités du globe.
Ce qui me tient vraiment à coeur, c'est d'avoir permis la construction et assuré le quotidien d'écoles et de cliniques pour les amis chers que je compte dans l'Himalaya, et aussi d'avoir aidé à restaurer leurs magnifiques monastères. J'ai ainsi rendu aux gens toute l'aide qu'ils m'ont donnée quand j'étais dans les montagnes."
"Nous aimerions que nos enfants aillent à l'école, sahib"
Contrairement à la plupart des conquérants de l'inutile, Edmund Hillary s'est toujours intéressé aux Népalais. La légende raconte qu'en 1960, au cours d'une expédition dans la région de l'Everest, il demanda à un Sherpa ce qu'il pouvait faire pour son village.
"Nous aimerions que nos enfants aillent à l'école, sahib. De tout ce que vous avez, le savoir est la chose que nous désirons le plus pour nos enfants."
Pour le colosse (1,90m) des pentes, ce fut le déclic. Jouant de sa notoriété et des innombrables conférences qu'ils donnaient alors partout dans le monde, il fonda l'Himalayan Trust. Cette fondation toujours très active finança de nombreuses écoles, hôpitaux et cliniques. Puis, elle s'attaqua à l'une des plaies du tourisme moderne (via les trekkers): la déforestation massive des massifs himalayens.
Depuis l'annonce de sa mort, ce vendredi, à l'âge de 88 ans, c'est une figure humaine que saluent les blogueurs. Triste, comme Stéphane:
"J'imagine l'immense peine que le peuple néo-zélandais doit ressentir aujourd'hui pour bien connaître ce pays et ses habitants à la gentillesse et au savoir vivre exceptionnels. Trop rare pour ne pas être signalé."
Grandiloquent, comme Eric Blot:
"Il fut l'homme le plus haut, et un grand homme."
Référence, comme le dit L'esprit du sport:
"Ce genre de personnages m'a toujours fasciné. J'y range aujourd'hui les Mike Horn, Bertrand Picard et tous ces hommes, sur terre, mer ou dans les airs qui refusent de se fixer des limites et pour qui la notion d'impossible n'existe pas comme nous autres l'imaginons."
Ou spirituel, comme Bête et méchant:
"Si je croyais en dieu je dirai qu'il a gravi hier son plus haut mont pour gagner le paradis... mais je n'y crois pas, alors je dirai juste au revoir, Sir, et merci, car vous incarniez à vous seul le peuple néo-zélandais, peuple de défis, peuple d'hommes durs et courageux mais peuple humble et respectueux..."
Hommage à celui qui n'avait jamais oublié que le 29 mai 1953, ils étaient deux à fouler le toit du monde...
► Au sommet de l'Everest d'Edmund Hillary - éd. Hoebeke - 268p., 15€.
► Des photos de l'ascension de l'Everest.
► La bio de sir Hillary sur Zone Himlaya.
Photo: Sir Edmund Hillaru et Tenzin Norgay à l'ambassade de Grande-Bretagne à Katmandou après leur ascension de l'Everest, en 1953 (Ho New/Reuters).
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