sábado, 5 de janeiro de 2008

Editorial do jornal Le Monde: A França não é uma empresa (o Brasil também não, viu Clóvis)


Après la révolution du marketing politique, réalisée depuis son entrée à l'Elysée par le chef de l'Etat, voici venu le temps de la rénovation du management gouvernemental. En annonçant que l'action de chaque membre de son équipe serait désormais évaluée sur la base de critères concrets, chiffrés et publics, le chef du gouvernement a adressé un message très clair à ses ministres aussi bien qu'aux Français : la France doit être gérée comme une entreprise moderne, efficace et sérieuse. Chacun de ses "collaborateurs" de haut rang devra donc se conformer à une "culture du résultat" digne des multinationales. Le premier ministre a d'ailleurs fait appel à un cabinet privé pour établir ces tableaux de bord et ces indicateurs de performance.


Enfin ! diront tous ceux qui fustigent volontiers la machinerie gouvernementale - et, au-delà, administrative - et la jugent confuse, inefficace et coûteuse. Un peu de rigueur de gestion ne fera pas de mal, penseront-ils. Tony Blair n'a-t-il pas sauté le pas depuis longtemps en Grande-Bretagne, ajouteront-ils en choeur ?

Ce bel enthousiasme serait réjouissant s'il ne suscitait, immédiatement, de sérieuses inquiétudes. Tout d'abord, la culture du résultat que prônent MM. Sarkozy et Fillon a produit dans l'ordre économique assez d'effets pervers pour que l'on soit circonspect sur son application béate à l'action politique : le culte de la rentabilité nourrit l'obsession de la performance à court terme et à tout prix, au risque de décisions calamiteuses ou d'affichages mensongers. Les catastrophes récentes de Vivendi ou Arthur Andersen, d'Enron ou Parmalat sont là pour en témoigner.

En second lieu, la France n'est pas une entreprise, et il est dangereux de réduire l'action politique au "rendement" de telle ou telle mesure gouvernementale. Evaluer le ministre de l'immigration à l'aune du nombre d'expulsions d'étrangers en situation irrégulière, juger le ministre de la culture selon l'évolution de la fréquentation des musées quand ils seront gratuits ou apprécier le ministre des affaires étrangères en fonction de l'assiduité de ses collègues aux conseils européens est au moins hasardeux, et plus sûrement pernicieux, tant la dictature du chiffre menace d'occulter la complexité des enjeux, des problèmes et des solutions.

Enfin, au moment où se prépare une réforme des institutions supposée redonner crédit et autorité au Parlement, il est pour le moins désinvolte de signifier aussi crûment à la représentation nationale que son rôle de contrôle de l'exécutif est nul et non avenu. Ou vraiment trop ringard. Que l'on sache, en démocratie, c'est précisément ce contre-pouvoir - il est vrai beaucoup trop timoré en France - qui devrait protéger le citoyen des errements éventuels de l'exécutif. Et non pas un gadget bricolé par l'exécutif lui-même.

Leia meu comentário aqui Um perigoso factóide francês e seu entusiasta tupiniquim

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