A quoi sert le FMI ?
par Jacques Attali
A voir la façon dont valsent, depuis quelques temps, les patrons d’institutions financières internationales, on peut se demander à quoi elles servent : après le départ de Paul Wolfowitz de la Banque mondiale, voilà celui de Rodrigo de Rato du FMI. Et comme chaque fois, les candidats sont innombrables à leurs successions.
Chacun sent bien qu’il faudrait avoir en ce monde des institutions financières internationales solides, capables de maitriser les risques financiers engendrés par les fonds spéculatifs, de financer les grandes infrastructures sociales et physiques des mégalopoles à venir, de maitriser les grandes pandémies, de réduire la pauvreté et d’organiser la réduction des émissions des gaz à effet de serre.
Qu’en est-il ? Un Fonds monétaire international vidé de toute utilité depuis que les pays du Sud, de l’Amérique Latine à L’Asie de l’Est en passant par la Russie, ont remboursé leurs dettes ; un Fonds ayant si peu de moyens, distribuant si peu de crédits , à des taux d’intérêt si bas, qu’il a du mal à boucler ses fins de mois et qu’il n’a même plus les moyens de produire des statistiques fiables, au point que plus personne n’écoute ses conseils discrédités . Une Banque Mondiale ne disposant même pas du centième des ressources qui seraient nécessaires pour affronter les défis dont elle a la charge et qui vient même de reconnaitre qu’elle a échoué dans la réalisation de son objectif principal, la réduction de la pauvreté.
Des institutions au total l’une et l’autre si peu représentatives que les pays d’Amérique Latine commencent à les quitter : Le Venezuela d’abord, puis la Bolivie et le Nicaragua, alors que l’Equateur est allé jusqu’à expulser le représentant de la Banque Mondiale et que six pays sud-américains jettent actuellement les bases d’une banque du Sud, avec une doctrine radicalement différente.
Jamais le monde n’a réussi à réformer ses institutions internationales sans passer par une grave crise. Il est donc difficile d’imaginer que le monde puisse faire, cette fois encore, l’économie d’une catastrophe ; et qu’il puisse sans secousse majeure donner aux pays du Sud les droits de vote qu’ils méritent, se débarrasser de la tutelle paralysante d’un conseil d’administration installé à plein temps , mobiliser, par une vraie fiscalité mondiale, les ressources nécessaires pour s’attaquer aux problèmes à venir et enfin se doter d’une idéologie qui ne se réduise pas à servir les intérêts
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