France: La jeune garde socialiste en marche vers la rénovation
Par Zineb Dryef (Rue89) 00H49 22/07/2007
Rue89 a demandé à sept socialistes incarnant la nouvelle génération quel est leur projet pour rénover le PS. Débat.
Le parti socialiste risque-t-il la scission? Qu'est-ce que la rénovation? Quel programme le PS compte-t-il mettre en place? Pour répondre à ces questions, Rue89 a interrogé Benoît Hamon, Aurélie Filippetti, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Gaëtan Gorce, Razzye Hammadi et Guillaume Bachelay.
A Solférino, les éloges se ramassent à la pelle pour le jeune député européen. Benoît Hamon est sympa. Il est constant. Il est brillant. Le récent porte-parole du PS jouit d'une certaine popularité, notamment auprès des proches de François Hollande. Le grand public connaît moins ce jeune quadra (tout juste 40 ans) qui semble avoir une décennie de moins que ses camarades du même âge. Farouchement attaché aux "valeurs socialistes" et convaincu de la nécessité de réinventer la gauche, Benoît Hamon lance cet été un groupe de réflexion rassemblant des personnalités venant de divers horizons: La Forge.
Au service de la gauche, ce groupe planchera notamment sur les moyens de venir à bout de l'"hégémonie culturelle libérale". Benoît Hamon l'a promis: il s'agira de harcèlement culturel, médiatique et politique. Le député, qui fustige la "nouvelle tête pour une nouvelle tête", considère pour le moment que l'enjeu n'est pas là. Son projet de think thank ("pas de bol, le nom est anglais", plaisante-t-il) ne servira d'ailleurs pas à nourrir un texte de motion ou de congrès quelconque. Et pour 2008? L'ex-leader des MJS (1993 à 1995) sera-t-il le successeur de François Hollande? Alors que beaucoup semblent le croire, Benoît Hamon rappelle que les décisions seront prises fin 2008. Patience: la rénovation est en marche.
Aurélie Filippetti a claqué la porte des Verts, excédée par leurs querelles de personnes plutôt que d'idées. Curieusement, alors qu'elle a conscience de cette faiblesse existant aussi au PS, au point d'en pourrir tous les débats, la jeune romancière a choisi de revenir en politique auprès de Ségolène Royal durant la présidentielle. La députée de Moselle fait partie de ces nouveaux adhérents de 2006 qui comptent désormais parmi les architectes de la reconstruction du parti: "Il faut adhérer au PS. L'ouvrir, l'aérer. Le PS a besoin de ces nouveaux adhérents."
Promue porte-parole du "contre-gouvernement" socialiste à l'Assemblée, Aurélie Filippetti est désormais au devant de la scène. Avec pour objectif principal de "combattre la politique néoconservatrice de Nicolas Sarkozy", la jeune femme, qui découvre l'Assemblée dont elle dit ne pas encore maîtriser tous les codes, se préoccupera principalement de questions environnementales et sociales. Une rénovation passant par une opposition forte au Parlement: Aurélie Filippetti tient là son objectif et refuse de jouer la carte des courants et des écuries: "Ce n'est pas une priorité."
Puisque François Hollande joue l'"immobilisme", la bande des quadra du PS la joue solo. Vendredi 20 juillet, une petite centaine de cadres et militants socialistes ont répondu à l'invitation de Manuel Valls, le maire d'Evry, dans sa ville, afin d'entamer la réflexion sur la rénovation. "Le monde change, pourquoi pas la gauche?": l'intitulé de la journée donne le ton de la direction prise par les "jeunes lions". Pourfendeurs de "l'archaïsme de l'appareil socialiste" et de son incapacité à avoir une ligne claire, la bande des frondeurs, composée d'une quinzaine d'élus, entend poser les jalons de cette rénovation dès septembre, à Tours. Manuel Valls, depuis la défaite du 6 mai, s'en est pris tour à tour à François Hollande, au clanisme et à l'inertie du parti. Le maire d'Evry invoque l'urgence de reformuler l'identité du Parti socialiste, une identité nouvelle et résolument tournée vers l'avenir. Il veut, a-t-il déclaré, "incarner" cette rénovation.
Arnaud Montebourg et Gaëtan Gorce (démissionnaire du secrétariat national), meneurs de cette journée, se sont également exprimé. Revenant sur la défaite du Parti socialiste, les deux députés ont souligné l'urgence de dépasser le clanisme. Arnaud Montebourg, dont l'ambition à l'horizon 2008 est évoquée par beaucoup au sein du Parti, a clairement signifié que ce rassemblement n'avait pas vocation à déboucher sur la formation d'un nouveau courant. Il s'agit davantage d'"abattre le mur des chapelles et des écuries" en vue de "construire les conditions du rassemblement autour d'idées nouvelles".
Président du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) depuis 2005, Razzye Hammadi est, du haut de ses 28 ans, l'une des figures qui pourrait compter dans les années à venir. Décidé à franchir le cap du suffrage universel, les municipales seront pour lui l'occasion de tester sa crédibilité à plus grande échelle. Combatif, Razzye Hammadi ne mâche pas ses mots quand il s'agit d'évoquer les raisons de la défaite, liées à "une absence de ligne idéologique claire". Partie prenante de la rénovation aux côtés de François Hollande et Benoît Hamon dont il est proche, le président du MJS veut ramener le PS à l'essentiel: combattre le dogmatisme libéral dominant et œuvrer pour la "dignité". Sa jeunesse est un atout, il le sait. Mais ce n'est pas suffisant. Et le voilà qui s'emporte contre ceux qui parlent de dépoussiérer le parti: "Encore faudrait-il donner une définition de la poussière". Et n'allez pas lui dire que les idées de la gauche sont dépassées: "L'archaïsme, c'est Milton Friedman, c'est l'Ecole de Chicago, c'est les politiques monétaristes."
Quand il prend la parole, ses interlocuteurs l'écoutent. Et pour cause. De l'éloquence et de l'humour, voilà qui ne manque pas à Guillaume Bachelay, l'un des plus proches collaborateurs de Laurent Fabius. A 33 ans, ce passionné de philosophie politique veut muer ses idées en action. Siégeant désormais au bureau national du PS en remplacement de son mentor démissionnaire, celui qui fut l'une des plumes fabiusiennes les plus brillantes compte bien peser dans la "refondation" du parti.
Militant pour un "parti fort, appuyé sur une idéologie forte", Guillaume Bachelay a récemment lancé avec le strausskahnien Laurent Baumel un groupe de confrontation d'idées, Gagner en 2012 . Confronter des idées, clarifier le programme et le discours du PS: quelques pistes pour l'un de ceux qui incarnent la nouvelle génération. Mais pas seulement:
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