Le départ de Dominique Strauss-Kahn bouleverse le jeu au sein du PS
Le Monde
Confronté à l'ouverture de Nicolas Sarkozy, le PS a opéré un tri sélectif. Il y a désormais une jurisprudence "DSK" et une autre, différente, pour Jack Lang. A une large majorité, les socialistes réunis en bureau national, mardi 10 juillet, ont approuvé l'idée que Dominique Strauss-Kahn puisse diriger le Fonds monétaire international (FMI), avec le soutien du président de la République.
Dominique Strauss-Kahn
Pour le porte-parole du PS, subrepticement remplacé à ce poste depuis la fin de la présidentielle par François Hollande qui a promu le député européen Benoît Hamon, "il ne peut pas y avoir une vérité pour les uns et une vérité pour les autres". Car dans la foulée, à l'unanimité cette fois, les socialistes ont décidé que toute "personnalité" du PS qui accepterait de faire partie d'une commission mise en place par le gouvernement le ferait "à titre personnel" et serait suspendue des instances de direction du parti et du groupe à l'Assemblée, le temps de leur mission.
Jack Lang, pressenti pour faire partie d'une commission sur la réforme des institutions, est directement visé. Absent du bureau national, l'ancien ministre n'a trouvé aucun avocat pour plaider sa cause. Pour le PS son "cas" est symbolique puisqu'il serait le premier, parmi les élus, à céder à l'attrait de l'ouverture - ce que n'étaient pas les six personnalités de gauche entrées au gouvernement... Toutefois, pour échapper aux accusations de sectarisme, les socialistes ont érigé des "règles républicaines" : c'est au parti qu'il reviendra de désigner des responsables lorsque le chef de l'Etat et le gouvernement souhaiteront consulter pour réformer.
Chargé par M. Sarkozy de rédiger un rapport sur la mondialisation, Hubert Védrine n'est pas concerné, n'étant pas élu lui-même ou membre de la direction du PS. Mais l'ancien ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin conteste ces règles. "J'ai accepté le rapport avec plaisir et je trouve ça normal, dit-il au Monde. Cela serait extravagant que je sois consulté par des personnes comme Kofi Annan (ex-secrétaire général des Nations unies) et pas par le président français." D'ailleurs, fait-il remarquer, "j'avais accepté au mois de février une mission pour Jacques Chirac sur un sommet de l'environnement et la gauche n'avait alors trouvé rien à redire". Pour M. Védrine, c'est en tout cas "bien la moindre des choses que Nicolas Sarkozy soutienne Dominique Strauss-Kahn" pour le FMI.
Quoique prévenus sur le tard par leur propre mentor, les partisans de "DSK" se sont eux aussi employés à faire la part des choses. Selon eux, sa candidature pour le FMI aurait pris forme alors que l'ancien ministre de l'économie nouait des contacts internationaux pour créer une fondation sur la mondialisation. Au "hasard" de ses contacts, le premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker lui aurait ainsi soufflé l'idée du fauteuil tout juste laissé vacant à la direction du FMI. "Dominique est désigné par les gouvernements d'Europe", souligne Jean-Christophe Cambadélis. "C'est un phénomène important pour une famille politique d'avoir l'un des siens à ce poste, soutient de son côté Pierre Moscovici. C'est une autre façon de faire de la politique qui a son audience."
Une autre façon ? L'éloignement de Dominique Strauss-Kahn pose inévitablement la question de son avenir de présidentiable et celle de la survie de son courant au sein du PS. Pour ses partisans, il n'est pas question de fermer boutique. Un "collectif", piloté par Jean-Christophe Cambadélis, devrait se mettre en place et un porte-parole, Jean-Jacques Urvoas, élu le 17 juin député du Finistère, serait même désigné. Les strauss-kahniens préparent un "Manifeste" pour la rénovation du PS qu'ils rendront public, selon M. Cambadélis, en septembre. "De toute façon, Dominique avait tiré les conclusions qu'il fallait qu'il s'y prenne d'une façon différente et qu'il sorte de ce cloaque", réagit le député de Paris, Jean-Marie Le Guen.
De retour mercredi 11 juillet du Maroc où il séjournait depuis quelques jours, "DSK" a prévu de consacrer sa journée à ses partisans. A 13 heures, il devait s'adresser aux députés qui lui sont proches puis, deux heures plus tard, à tout son courant réuni à l'Assemblée nationale pour les encourager à "continuer". La veille au soir, à l'issue du bureau national, François Hollande a longuement retenu Jean-Christophe Cambadélis. "Pour faire un tour d'horizon."
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