Jaroussky, une voix haute
Duas arias, 'Nisi Dominus' de Vivaldi, 'Cum dederit' e 'Amen', cantadas pelo contratenor Philippe Jaroussky. Uma ária do 'Stabat Mater' de Vivaldi, 'Stabat mater dolorosa', cantada pela contralto Marie-Nicole Lemieux.
Maestro: Jean-Christophe Spinosi
Orquestra: Ensemble Matheus
LE MONDE
Le chanteur lyrique français Philippe Jaroussky lors des 14es Victoires de la musique classique
à la Salle Pleyel à Paris, le 28 février 2007.
AFP/STÉPHANE DE SAKUTIN
Devenu violoniste "boulimique et passionnel", puis pianiste "obsessionnel et dévoreur de partitions", Philippe Jaroussky s'est reconnu contre-ténor en entendant le sopraniste martiniquais Fabrice di Falco : "Jusqu'alors, je m'amusais en chantant "Casta diva" avec Callas ! Je suis alors allé voir Nicole Fallien, qui a fait travailler les contre-ténors Henri Ledroit, Dominique Visse et Gérard Lesne. Onze ans plus tard, j'y suis toujours." C'est néanmoins au Conservatoire national de région, à Paris, où enseignent alors les pionniers en la matière, qu'il fait ses classes baroques : "Nous, les baroqueux de la quatrième génération, ne faisons que faire fructifier les fruits de leur travail", affirme-t-il.
Philippe Jaroussky aura 30 ans le 13 février, jour des Victoires de la musique, dont il est l'enfant chéri - "Révélation artiste" de l'année 2004 et "Artiste lyrique" de l'année 2007. Timbre de lumière et musicalité solaire, raffiné comme il sied, pyrotechnique comme il se doit, le chanteur est à la tête d'une discographie dont certains albums ont cartonné. Ainsi Heroes, où il arbore, en costume cravate décontracté, des allures de yuppie en rupture de ban : un époustouflant récital Vivaldi, paru en 2006 chez Virgin Classics, désormais Disque d'or.
Philippe Jaroussky veut en finir avec le fantasme des castrats, ces garçonnets que l'on opérait avant la puberté afin qu'ils conservent leur voix d'enfant, dans l'Italie des XVIIe et XVIIIe siècles. Le chanteur revendique en effet pour lui et ses pairs (ils seraient quelque cinq cents contre-ténors dans le monde) le même statut que les autres chanteurs. "C'est une voix de tête dont la tessiture épouse celle des femmes, mais sa technique n'est pas différente de celle des autres, affirme-t-il. Dans l'opéra Sant'Alessio, de Landi, que nous reprenons à Nancy ces jours-ci, il y a neuf contre-ténors sur scène. Bien sûr, c'est excitant, mais on entend très vite des chanteurs et non une catégorie de voix." Envolée l'aura des Senesino, Farinelli, Caffarelli, Carestini, ces castrats qui stupéfiaient les scènes européennes de leurs excentricités vocales et de leurs extravagances personnelles ? Révérence en forme de contre-pied ludique, le beau disque Virgin Classics consacré à Carestini, qui voit Philippe Jaroussky le visage couvert d'un loup noir en forme de papillon à la Casanova. "Bien sûr, concède-t-il, mon répertoire est à 90 % celui des castrats. J'ai d'ailleurs poussé l'identification jusqu'à copier leurs excès. Je crois que ma version du Scherza infida, dans l'Ariodante de Haendel, est l'une des plus ornementées. Au point qu'on me l'a reproché."
Si Philippe Jaroussky refuse de faire l'ange, il ne fait pas pour autant la bête, abordant des répertoires plus intimes. Ainsi le magnifique Nisi dominus de Vivaldi, qui sort chez Naïve et, pour mai, un récital en concert de mélodies françaises. "La mélodie n'est pas écrite pour la voix mais pour l'expression d'un poème, dit-il. Je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas les chanter ." Tout comme il créera, le 8 mars à Lyon, un cycle écrit pour lui par le compositeur Marc-André Dalbavie sur des sonnets de Louise Labé. "Aujourd'hui, la voix de contre-ténor est entrée dans les moeurs, conclut-t-il. Elle intéresse les compositeurs pour sa simplicité et son épure, qui rappellent l'enfance." Une enfance qui n'a pas quitté les traits gracieux de Jaroussky.
Carestini, histoire d'un castrat, 1 CD Virgin Classics ; Nisi dominus et Stabat Mater de Vivaldi, avec Marie-Nicole Lemieux (contralto), 1 CD Naïve.
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