France: Le subtil passage de témoin de Lionel Jospin à Bertrand Delanoë
l était venu disserter sur le thème "les socialistes et la mondialisation". Mais devant ses fidèles, à la tribune de la salle des Cordeliers, dimanche 16 septembre, Lionel Jospin a abordé un sujet plus délicat encore : les socialistes et le congrès de 2008.
"Le PS a grand besoin d'être au clair dans son rapport au monde, à la réalité française et à lui-même", a professé Lionel Jospin, excluant l'idée d'un "congrès transitoire". "Il ne serait pas sage de le concevoir comme tel, car c'est maintenant que le Parti socialiste a des difficultés, et c'est maintenant qu'il doit y répondre", a insisté l'ancien premier ministre.
Il s'agit d'une pierre lancée dans le jardin de François Hollande. Celui-ci suggère que son successeur assure une transition et s'efface devant le ou la candidate socialiste pour 2012.Pour M. Jospin, ce n'est qu'un début. Le 24 septembre, il publiera chez Flammarion un ouvrage au titre éloquent (L'Impasse) dans lequel il s'en prend de manière véhémente au premier secrétaire et, plus encore, à Ségolène Royal, "candidate qui était la moins capable de gagner". M. Jospin relègue cette dernière au rang de "figure seconde de la vie politique", considérant qu'elle "n'a pas les qualités humaines ni les capacités politiques" pour prendre la tête du PS.
Ce retour de Lionel Jospin devant les siens avait aussi des allures de passage de témoin à Bertrand Delanoë. Porté par les sondages, le maire de Paris fait figure de candidat possible à la succession de l'actuel premier secrétaire.
"NOUS N'AVONS PAS DE LEADER"
Une évidence que les jospinistes se sont efforcés d'atténuer. "Bertrand Delanoë est l'un de ceux qui, demain, peut s'imposer mais à la condition qu'ait été définie une ligne majoritaire dans le parti", insistait Daniel Vaillant, député de Paris et fidèle de Lionel Jospin. "Nous n'avons pas de leader : nous sommes un collectif qui souhaite proposer des débats de fond", renchérissait Annick Lepetit, elle aussi députée de Paris, en marge des discussions.
Evoquer la question du leadership aurait gâché cette journée destinée à marquer la volonté d'un courant d'explorer les terrains de convergence avec d'autres sensibilités, elles aussi en quête d'alliances. Nombre de dirigeants strauss-kahniens, fabiusiens, mais aussi "hollandais" ou rénovateurs et quelques partisans de Ségolène Royal étaient présents dans la salle des Cordeliers, archicomble.
Invité à tirer les conclusions de cette studieuse journée, Bertrand Delanoë a rendu hommage à son mentor mais choisi d'adresser des piques moins acérées contre l'actuel patron du PS et l'ancienne candidate. "La confusion idéologique et le fait de faire plaisir à tout le monde, on a déjà essayé ; ça n'a pas marché", a-t-il dit.
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