Faut-il autoriser «Mijn Kamp»?
Celui qui a mis le feu aux poudres est un ministre: Ronald Plasterk, ministre travailliste de l'enseignement, de la culture et des sciences.
Notez bien, cependant, avant de crier haro sur ce monsieur, que ça partait certainement d'une bonne intention. Il s'agissait de contrer Geert Wilders sur son propre terrain; lequel, en bon député populiste qui ne cache pas son jeu, demandait début août la prohibition du Coran (un «livre fasciste», selon lui). Mouvant, le terrain.
Observez également que le ministre néerlandais pouvait arguer, à juste titre, de la disponibilité sur internet du livre d'Adolf Hitler, de sa présence dans certaines bibliothèques, et, surtout, dénoncer une législation peu efficace dans son pays. En Hollande, vous avez le droit de posséder «Mein Kampf», mais pas de l'acheter: sa vente est interdite «depuis l'après-guerre» (comme en Allemagne, par exemple). Elle est même, explique le journaliste du «Monde», «pénalement punissable depuis 1987». Seulement, les contrevenants ne seraient guère écrasés, paraît-il, sous les condamnations.
Enfin, depuis sa première sortie en 1925, «Mein Kampf» est régulièrement publié à travers le monde. Y compris en Israël (le livre est traduit en hébreu depuis février 1995), ainsi que dans la plupart des états occidentaux, et dans de nombreux pays musulmans (où il est hélas un best-seller). Les droits vont au Land de Bavière, qui les détient jusqu'en 2015 (date à laquelle le texte tombera dans le domaine public).
Et en France? Une fois n'est pas coutume, la voilà plus libérale que la Hollande. Depuis un arrêt de la Cour d'appel de Paris daté du 11 juillet 1979, la plus sinistre des autobiographies est autorisée à la vente - pour son intérêt documentaire et historique. Avec des conditions très strictes cependant: le texte doit impérativement être précédé d'une longue mise en garde, où sont rappelées les dispositions légales qui l'entourent, et les ravages historiques causés par son auteur.
Cela dit, personne ne vous oblige à l'acheter.
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