quarta-feira, 16 de janeiro de 2008

França: Sarkozy continúa caindo nas pesquisas


Le chef de l'Etat paye en popularité l'affichage permanent de sa vie privée, par Philippe Ridet - LE MONDE

La phrase apparaît en gras dans le courriel de l'Elysée envoyé aux journalistes : le chef de l'Etat "se rendra vendredi 18 janvier à Sens (Yonne) pour un déplacement sur le thème des conditions de libération de la croissance". La "libération de la croissance" ? Mots étranges et oubliés, tant le chef de l'Etat a disparu derrière "Nicolas et Carla", dont les amours le disputent en intensité médiatique à celles, naguère, de Charles et Diana.


Un recadrage ? Les Français, s'ils ne dédaignent pas la vie privée du président, comme en attestent les ventes des journaux qui s'y intéressent, n'ont pas pour autant perdu de vue les promesses du candidat. Pour la première fois depuis son élection, le nombre d'entre eux mécontents du président (48 %) dépasse celui des satisfaits (45 %) (sondage BVA-Orange pour L'Express du 17 janvier, effectué auprès de 1 050 personnes).

Réalisée après la conférence de presse de Nicolas Sarkozy, le 8 janvier, cette enquête traduit l'échec de l'exercice - pourtant conduit avec un faste particulier dans les salons de l'Elysée. Son aveu d'impuissance sur la question du pouvoir d'achat ("Je ne peux pas vider des caisses déjà vides") et sa déclaration d'amour publique à son amie italienne ("Entre nous, c'est du sérieux") ont dérouté une partie de l'électorat populaire et les plus âgés de ses soutiens.

Réputé pour sa maîtrise de l'agenda médiatique, Nicolas Sarkozy paraît impuissant face à l'emballement de la machine à communiquer. Aux ratés de sa rentrée politique se sont ajoutées les salves de livres consacrés à son ex-épouse et les rumeurs incessantes sur son éventuel mariage avec l'ex-mannequin transalpin.

"Actuellement la machine est moins performante", admet un membre du cabinet. A cette situation, il attribue deux causes : "L'hiatus entre ce qui est demandé aux Français et le comportement privé dont il ne faut pas les gaver", et un effet d'accoutumance : "les one-man-show du président ne surprennent plus. C'est comme quand on va voir Luchini sur scène, on sait à quoi s'attendre". "Tout le monde à conscience du problème", ajoute-t-il.

Tout le monde, sauf peut être M. Sarkozy, qui continue d'exposer sa félicité. A Doha (Qatar) lors d'un entretien informel avec les journalistes qui suivent sa visite officielle dans les pays du Golfe, il n'a pu retenir ces commentaires : "Nous sommes allés au restaurant avec Carla, a-t-il confié, à la sortie il y avait trois cents personnes. J'aurais préféré qu'il n'y en ait que trente". "J'étais le ministre de l'intérieur dont on parlait le plus. A présent je suis le président dont on parle le plus. Qu'y puis-je ?" s'est-il encore lamenté dans des propos rapportés par Le Parisien du 15 janvier.

Sarkozy victime de la presse après avoir été qualifié de "candidat des médias" par ses adversaires ? "Qu'il ne se soit pas caché, c'est vrai, mais il ne souhaitait pas forcément non plus que cela fasse toutes les "unes", et qu'on ne parle que de sa vie privée", déplore, un peu naïf, le député (UMP) de Seine-et-Marne Yves Jego. Pour le conseiller en stratégie politique Thierry Saussez, "on assiste à la vengeance des médias". "Les journalistes retrouvent la maîtrise de l'agenda médiatique que le président leur avait imposé", explique ce proche du président.

Mais les commentaires de M. Sarkozy sur sa vie privée attestent de son ambiguïté. Il incite, plus qu'il ne la retient, la presse à le suivre sur ce terrain. Interrogé, le 8 janvier sur l'imminence de son mariage, il avait répondu, donnant lui-même le top départ de la chasse au scoop : "Il y a de fortes chances que vous l'appreniez quand ce sera fait." Le porte-parole de l'Elysée n'est pas moins ambigu qui, à la curiosité des journalistes, oppose le même "pas de commentaires" qu'il leur servait déjà, alors que les rumeurs de divorce entre Nicolas et Cécilia Sarkozy couraient de toutes parts.

Pour plusieurs de ses proches, cette situation traduit en fait la volonté du président de la République de "laisser filer", conscient qu'il ne peut rien contrôler. La stratégie tranche en tout cas avec celle qui avait été la sienne, entre juin 2005 et mai 2006, lors de sa liaison avec une journaliste du Figaro. Ses conseillers avaient alors usé de toutes les pressions pour empêcher la parution des photos du couple et préserver l'expression du candidat, et son image.

"Certains se plaignent de ma discrétion. Mais j'avance de façon méthodique et maîtrisée. Cela m'oblige à une certaine distance avec les médias et le rythme chaotique de l'actualité." Un mea culpa du président de la République ? Non, une déclaration teintée d'ironie, de François Fillon, mardi 15 janvier, lors de ses voeux à la presse.

Philippe Ridet

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