quarta-feira, 19 de setembro de 2007

VU D'ALGÉRIE • Sarkozy : populisme et ADN

Courrier international

Le Parlement français examine depuis le 18 septembre un nouveau projet de loi sur l'immigration dont un amendement très controversé vise à autoriser le recours à des tests ADN pour les candidats au regroupement familial. La réaction du quotidien algérien Liberté.
Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux
AFP
Ayant consommé la trêve des cent jours, le nouveau président de la République française éprouve les premiers couacs de ce que Nicolas a appelé la stratégie du "coup d'éclat permanent". Son ambition de soumettre le fonctionnement de l'Europe aux contraintes de la relance économique de la France a provoqué une succession de mises au point. Il lui reste toujours le facile thème de la Turquie, dont l'entrée dans l'Union européenne n'est de toute manière pas pour demain. Et la question convient bien au racisme doux qui lui assure une bonne part de la sympathie populaire.

Comme il a trouvé une France en bon état social, notamment sur le plan de l'emploi, et les mal-logés n'étant pas syndiqués, la trêve sur ce front peut encore se prolonger. Le projet de réforme des "régimes spéciaux" contribuera à le maintenir en bonne position dans les sondages. Mais ce n'est qu'un volet de son projet de politique sociale, là où il est attendu, malgré les entretiens "préventifs" qu'il a eus avec les responsables.
Jusqu'ici, c'est en dehors de la France et de l'Europe qu'il est allé chercher les ingrédients de sa ligne populiste. La Turquie lui offre le prétexte de se poser en défenseur de la rigueur géographique et tacitement civilisationnelle de l'Europe. En Algérie et au Sénégal, il est venu proclamer son déni de repentir et sa conception d'une responsabilité partagée de la tragédie coloniale. En Libye, il a présenté l'issue d'une péripétie à la Kadhafi comme le fait d'une opération de sauvetage. Au Moyen-Orient, la complexité de la situation demande plus d'engagement aux puissances qui souhaitent y jouer un rôle.

En attendant qu'il atterrisse dans une clairière de la jungle colombienne…
Mais il lui reste le fond, la valeur sûre que constitue la fibre raciste quand elle est conjuguée à l'angoisse de l'incertitude : l'immigration. On l'a vérifié avec le vote des couches populaires et le vote ouvrier à l'élection présidentielle : Sarkozy fait figure de garantie contre le péril des migrations. L'intervention policière contre les sans-papiers en grève de la faim à Lille et le rappel à l'ordre des préfets les moins performants en matière de reconduite à la frontière procèdent de l'entretien de ce sentiment.

Dans cette surenchère sur le délit d'immigration, l'introduction de l'empreinte génétique dans la procédure de regroupement familial. Même dans la lutte contre la grande criminalité, l'usage du test ADN est sélectif. Il a fallu l'argument irrésistible de la protection des enfants contre la récidive pédophile pour l'imposer.
En termes de gravité, l'immigration est classée au second rang des crimes pour justifier ainsi le recours à un moyen coûteux et qui jette l'anathème sur une population étrangère jugée potentiellement faussaire. Si l'on devait génétiquement vérifier toutes les paternités en France, on risque de produire un nombre ingérable de drames. Pourquoi cette plaisanterie inconcevable dans une société qui tient à la paix des ménages s'appliquerait-elle sans souci des risques personnels à la catégorie des immigrés ? C'est au maillon faible de payer le coût de la popularité à tout prix, n'est-ce pas ?


Mustapha Hammouche
Liberté

Nenhum comentário: