sábado, 22 de setembro de 2007

"L'impasse" : la défaite vue par Lionel Jospin

Lionel Jospin, le 21 avril 2002, après l'annonce des résultats du premier tour à la présidentielle. | AFP/JACK GUEZ
AFP/JACK GUEZ
Lionel Jospin, le 21 avril 2002, après l'annonce
des résultats du premier tour à la présidentielle.



Silencieux durant la campagne présidentielle, Lionel Jospin sort de sa réserve. Dans "L'impasse", il livre un cinglant diagnostic de la défaite de mai 2007. En exclusivité, "Le Monde 2" publie de larges extraits de cet essai à paraître le 24 septembre.

La crise électorale de 2002 résulte avant tout de l'écroulement de la construction politique de la gauche plurielle, faite à la fois de synthèses et d'alliances. Cette construction avait son sens et son efficacité. A partir du moment où ses composantes ne la défendaient plus et dénigraient son action, elle perdait sa force d'attraction auprès des Français et celui qui l'incarnait se trouvait affaibli pour aller plus loin.

Quant à la conduite de la campagne de 2002, je n'écarte évidemment pas ma propre responsabilité. Je l'ai d'ailleurs assumée. L'erreur la plus grave est sans doute d'avoir sous-estimé l'effet de la dispersion de la gauche au premier tour. Peut-être avais-je du mal à comprendre le cynisme, finalement suicidaire, de ministres de gauche qui, après avoir gouverné des années à mes côtés, se sont retournés contre moi au premier tour.

D'autre part, j'ai mal pris la mesure des effets de cinq ans de cohabitation. En politique étrangère, la France avait parlé d'une seule voix. En politique intérieure, le président s'était exonéré de toute responsabilité effective, tirant bénéfice des réussites de notre action et m'attaquant à la moindre difficulté. J'ai aussi surestimé le bénéfice du bilan de mon gouvernement. Bilan solide si on le compare à celui de la droite en 2007, mais forcément contrasté. En tout cas le désastre était là. (…)

Une nouvelle candidature de ma part n'aurait été concevable que si un consensus s'était opéré. Je devinais que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn avaient peu de chances de s'imposer face à Ségolène Royal, très déterminée et propulsée d'emblée par les sondages et les médias, mais leur maintien dans la course excluait ma propre présence.

D'ailleurs, pour avoir la possibilité de l'emporter dans le vote des adhérents – dont le nombre avait été habilement grossi par une campagne d'adhésion au prix modique de 20 euros –, il aurait fallu mener une critique démystificatrice du personnage de Ségolène Royal et de sa conception de la politique. Une telle démarche n'aurait pas été sans risque dans le climat interne tendu de l'époque. Au bout du compte, le caractère académique des débats organisés entre les trois candidats déclarés n'a pas permis que la vérité de chacun apparaisse, ni que soient pensées les lignes de force d'une campagne victorieuse. (…)

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