segunda-feira, 10 de setembro de 2007

Les journaux face à la "pipolisation" de la vie politique

Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis, François Hollande et sa nouvelle compagne au Maroc, Ségolène Royal et sa fille sur une plage... Cet été, les vacances des personnalités politiques ont été très commentées et les journaux people ont atteint des records de vente.

Assisterait-on en France, comme en Grande-Bretagne, à un déplacement de la frontière entre vie privée et vie publique des hommes politiques ? A l'occasion du festival Visa pour l'image à Perpignan, le magazine Elle avait choisi d'ouvrir le débat, vendredi 7 septembre.

Selon Olivier Royant, directeur de la rédaction de Paris Match : "Il y a une ligne jaune. Mais le journalisme n'est pas une science exacte. Nous sommes amenés à faire des choix". Et d'ajouter : " Il y a une volonté des hommes politiques de nous faire croire qu'ils sont des gens comme les autres : à midi, je suis ministre, à midi et quart je suis un citoyen privé. Difficile d'établir une ligne aussi marquée". Paris Match a ainsi été condamné après la publication d'une photo montrant Jean-Louis Borloo et Béatrice Schönberg aux Tuileries.

Pour Marc Simon, responsable du service photo de l'hebdomadaire VSD : "Il y a des choses que nous ne voulons pas publier. En particulier tout ce qui est lié à la vie extra-conjugale des hommes politiques. Nous n'avons pas osé publier la photo de François Hollande et de sa compagne". Mais reconnaît-il : " si la ligne jaune fait exploser les ventes, on va peut-être la passer".

Le cliché du premier secrétaire du PS publié par Closer n'apparaîtra pas dans les colonnes de Paris-Match. "Nous n'allons pas la publier après les autres", se justifie M. Royant avant d'ajouter "nous avons fait le choix d'informer nos lecteurs dans nos colonnes". La compagne de M. Hollande est, en effet, journaliste à Paris-Match où elle suit le PS.

VERROUILLAGE

La "pipolisation" des hommes politiques n'est pas nouvelle. Mais "la différence aujourd'hui", selon Raphaëlle Bacqué, journaliste au Monde, "c'est la maîtrise totale et professionnelle de leur communication". Une analyse partagée par les photoreporters. "Il est difficile de faire son travail et d'avoir des exclusivités avec les hommes politiques", explique Jean-Luc Luyssen, photographe de l'agence Gamma, qui a suivi de nombreux mois Ségolène Royal. D'autant que, précise-t-il : "les personnalités politiques font appel à des photographes people qui retravaillent les clichés et livrent des photos retouchées".

Pour une couverture de Elle, Ségolène Royal avait ainsi choisi Emanuele Scorcelletti, de l'agence Gamma, connue pour ses portraits de star du 7e art et Nicolas Sarkozy a confié la réalisation de sa photo officielle à Philippe Warrin, de l'agence Sipa, connu pour ses portraits de vedettes de télé-réalité.

Photos retouchées ? "A l'heure du numérique, la photo est immédiatement retravaillée", affirme M. Royant. Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle précise : "Nous avons fait deux couvertures, l'une avec Ségolène Royal, l'autre avec Nicolas Sarkozy, à chaque fois nous avons fait des retouches". Des retouches esthétiques ou de "courtoisie". C'est ainsi que les bourrelets présidentiels ont disparu de la photo de M. Sarkozy dans Paris Match cet été.

Laurence Girard pour Le Monde

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