Le roi est nu
REUTERS/MUHAMMAD HAMED
Editorial do jornal LE MONDE
Néanmoins, le gouvernement a commis plusieurs erreurs de taille. La première est d'avoir péché par orgueil. Une fois que vous m'aurez élu, la confiance reviendra, et, comme je réhabiliterai le travail, l'économie repartira, avait promis, en substance, le candidat. Aujourd'hui, il se heurte, là comme ailleurs, au principe de réalité. "Tout ne peut être résolu en un jour", a-t-il reconnu lors de ses voeux. D'où une déception de l'opinion et la baisse de popularité de l'exécutif.
Deuxième erreur : tiraillés entre ses conseillers keynésiens et d'autres plus orthodoxes, M. Sarkozy a toujours refusé de choisir entre des réformes favorisant l'offre et d'autres soutenant la demande. Conclusion : sa politique économique est illisible. Même les chefs d'entreprise semblent méfiants à l'égard du "travailler plus pour gagner plus", un comble!
Troisième erreur : la recherche de boucs émissaires, notamment l'euro et la Banque centrale européenne, qui a contraint Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, à prendre ses distances, dans nos colonnes, avec la rhétorique présidentielle.
Aujourd'hui, comme le remarque une note de BNP-Paribas, "le roi est nu". Les caisses sont vides et la croissance, mère de toutes les réformes, n'est pas au rendez-vous. M. Sarkozy doit inscrire son action dans la durée et surtout cesser de faire cavalier seul. La France ne s'en sortira pas sans ses partenaires européens, notamment l'Allemagne. Si elle n'est pas suffisante, une politique économique réellement concertée s'impose au sein de la zone euro. La présidence française de l'Union européenne au second semestre offre une occasion en or. Pour la saisir, encore faudrait-il savoir être modeste et être à l'écoute des autres.
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