segunda-feira, 7 de janeiro de 2008

Le roi est nu

Nicolas Sarkozy le 5 janvier en Jordanie. | REUTERS/MUHAMMAD HAMED
REUTERS/MUHAMMAD HAMED

Nicolas Sarkozy le 5 janvier en Jordanie.

Editorial do jornal LE MONDE


Sept mois après l'arrivée à l'Elysée de Nicolas Sarkozy, tous les indicateurs économiques sont au rouge. La croissance? En 2007 comme en 2008, elle devrait être inférieure à 2 %, soit en dessous de la moyenne de la zone euro. Le chômage? Après une baisse sensible en 2006, il ne diminue plus qu'à la marge. Déjà, les créations d'emplois sont moindres que prévu. Le commerce extérieur? Il affiche un déficit historique, même si l'on ne tient pas compte des importations énergétiques. Le moral des ménages? Il est proche de son plus bas niveau historique de l'automne 1995. L'inflation? Christine Lagarde a vendu la mèche, avant de se rétracter : elle devrait être supérieure à 2 % en glissement en 2007 et encore supérieure en 2008.


Impressionnante, la liste n'est pas exhaustive. Il serait injuste d'en rendre Nicolas Sarkozy seul responsable. Le président français n'a évidemment aucune prise sur le prix des matières premières ni sur le ralentissement économique mondial dû à la crise des crédits immobiliers américains.

Néanmoins, le gouvernement a commis plusieurs erreurs de taille. La première est d'avoir péché par orgueil. Une fois que vous m'aurez élu, la confiance reviendra, et, comme je réhabiliterai le travail, l'économie repartira, avait promis, en substance, le candidat. Aujourd'hui, il se heurte, là comme ailleurs, au principe de réalité. "Tout ne peut être résolu en un jour", a-t-il reconnu lors de ses voeux. D'où une déception de l'opinion et la baisse de popularité de l'exécutif.

Deuxième erreur : tiraillés entre ses conseillers keynésiens et d'autres plus orthodoxes, M. Sarkozy a toujours refusé de choisir entre des réformes favorisant l'offre et d'autres soutenant la demande. Conclusion : sa politique économique est illisible. Même les chefs d'entreprise semblent méfiants à l'égard du "travailler plus pour gagner plus", un comble!

Troisième erreur : la recherche de boucs émissaires, notamment l'euro et la Banque centrale européenne, qui a contraint Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, à prendre ses distances, dans nos colonnes, avec la rhétorique présidentielle.

Aujourd'hui, comme le remarque une note de BNP-Paribas, "le roi est nu". Les caisses sont vides et la croissance, mère de toutes les réformes, n'est pas au rendez-vous. M. Sarkozy doit inscrire son action dans la durée et surtout cesser de faire cavalier seul. La France ne s'en sortira pas sans ses partenaires européens, notamment l'Allemagne. Si elle n'est pas suffisante, une politique économique réellement concertée s'impose au sein de la zone euro. La présidence française de l'Union européenne au second semestre offre une occasion en or. Pour la saisir, encore faudrait-il savoir être modeste et être à l'écoute des autres.

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