Second tour : les socialistes appellent au "sursaut"
Défait au premier tour des élections législatives, le Parti socialiste lance des appels au "sursaut" pour le second tour, dimanche 17 juin. En campagne, ses principaux dirigeants en appellent aux électeurs de gauche qui se sont abstenus et, de manière plus polémique, à ceux du centre, afin de faire "respecter le pluralisme" à l'Assemblée nationale et d'"ériger un barrage au tsunami bleu", selon l'expression employée par Ségolène Royal en déplacement, jeudi 14 juin, en Haute-Garonne et dans la Somme.
La création d'une TVA sociale envisagée par le gouvernement Fillon nourrit les argumentaires des candidats PS, qui additionnent cette mesure avec les franchises médicales et l'absence d'un coup de pouce sur le smic pour en faire le thème de "la facture de la droite".
NOUVELLE ÈREMais le résultat des législatives ne conditionne pas seulement la taille du groupe socialiste et l'influence du premier parti d'opposition dans le paysage politique. Il prépare aussi un inventaire de ses échecs et ouvre aussi une nouvelle ère. Dès le 17 juin au soir, le PS fera ses comptes pour solder ses contentieux internes. La "refondation" annoncée du parti s'accompagne d'une bataille serrée pour son leadership, dans laquelle l'ex-candidate à la présidentielle compte bien s'imposer.
Sans tarder, avant le conseil national du PS prévu samedi 22 juin, Ségolène Royal a l'intention de réunir ses partisans. La plupart de ceux qui se relaient depuis plusieurs jours pour l'accompagner dans ses déplacements, à l'image de David Assouline, la pressent de s'imposer le plus rapidement possible. "Elle ne veut pas dire prendre le parti, elle déteste ce mot", soupire le sénateur de Paris. Mais la résistance autour du premier secrétaire, François Hollande, qui a réitéré son intention d'achever son bail comme prévu à l'automne 2008, s'organise.
"POUR SÉGOLÈNE MAIS PAS FORCÉMENT CONTRE FRANÇOIS"Accueillant Mme Royal, jeudi 14 juin, venue soutenir des candidats à Toulouse, Jean-Pierre Bel, président du groupe socialiste au Sénat, a mis le pied sur le frein. "Moi je suis tout pour Ségolène mais pas forcément contre François", dit-il en aparté. "Elle n'a pas intérêt à passer en force mais plutôt à se présenter dans de bonnes conditions, François ne va pas lui savonner la planche", ajoute-t-il, en évoquant avec une moue réprobatrice "le petit entourage" de l'ex-candidate à la présidentielle. Le même jour, à Lisieux (Calvados), Lionel Jospin déclarait : "Le premier secrétaire du parti socialiste a été désigné par un congrès donc il est là jusqu'au prochain congrès, pour moi c'est très simple." Pour l'ancien premier ministre, il faut que le PS "prenne le temps de réfléchir, qu'il ne se précipite pas, qu'il mûrisse ses décisions, qu'il ne prenne pas de décisions hâtives".
Deux jours plus tôt, Jean-Marc Ayrault, pourtant membre de l'équipe présidentielle de MmeRoyal, semblait lui aussi exprimer dans le Parisien des réservesen préconisant "un mouvement maîtrisé qui nous conduise à un congrès après les municipales, comme prévu (…) Ensuite, à Ségolène de faire ses preuves".
Mais d'autres, pour des raisons divergentes parfois, ont intérêt à accélérer le mouvement, comme Manuel Valls, député candidat à sa propre succession dans l'Essonne, qui se fait le représentant d'une "nouvelle génération" et réclame la mise en place d'une "direction collégiale".
Pressé par ses amis jospiniens, Bertrand Delanoë, entend bien lui aussi se placer aux avant-postes de la bataille. Le maire de Paris a fait savoir qu'il n'excluait pas de présenter une motion pour le congrès. Tout comme Dominique Strauss-Kahn qui s'était déclaré "disponible" dès le 6 mai au soir, Laurent Fabius, adoptant pour l'heure la position du grand "sage", a bien l'intention de peser.
Pour Mme Royal, c'est "l'ambiance des primaires qui recommence". Elle rêve de rénover le PS, pas seulement ses bases idéologiques, mais aussi ses statuts, en le transformant en "parti de masse" et en supprimant la composition de sa direction à la proportionnelle des courants qui "tue" le parti. Jeudi soir, soutenant Vincent Peillon dans la Somme, elle lançait aux militants ce message : "J'ai besoin de lui pour continuer la tâche que j'ai commencé et rassembler les socialistes."
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