quinta-feira, 6 de dezembro de 2007

Etats-Unis : le rapport sur l'Iran conforte Barack Obama face à Hillary Clinton



Si un citoyen américain constate la présence d'un clandestin, doit-il en référer aux autorités, comme le soutiennent plusieurs candidats républicains à la présidence ? Telle était la question sur laquelle devaient plancher les candidats démocrates lors de leur débat, mardi 4 décembre. Cela se passait sur une radio de Des Moines, capitale de l'Iowa, où se tiendra, le 3 janvier, les premiers "caucus" (votes après débat) lançant les primaires pour la désignation du candidat de chaque parti au scrutin présidentiel du 2 novembre 2008.

Les candidats ont vaguement marmonné : "Non." "Ah bon ?" a lancé le modérateur, Steve Inskeep. Et s'ils sont témoins d'un autre délit, doivent-ils le faire savoir (sous-entendu : l'illégalité ne serait-elle pas un délit à vos yeux ?) ?

"Votre question, Steve, est habile, mais pas la bonne, a rétorqué Hillary Clinton : 12 à 14 millions de personnes vivent parmi nous, s'occupent de nos vieux ; sans doute font-ils les lits des hôtels dans lesquels nous descendons. N'écoutez pas les démagogues qui veulent transformer chaque Américain en délateur suspicieux." Mais le modérateur est revenu à la charge : admettez-vous que la présence des clandestins fait baisser les salaires des Américains ?

Le ton était donné. Le débat entre candidats démocrates s'est tenu en début de soirée. Le matin, le président George Bush avait commenté le rapport de la direction du Renseignement national, qui assure que l'Iran a arrêté depuis 2003 son programme nucléaire militaire. Le nucléaire iranien a été évoqué à Des Moines, mais après l'immigration. Vu de l'Iowa, l'Iran paraît loin. Les préoccupations locales sont la désindustrialisation, les revenus, la santé.

Mme Clinton a été vivement attaquée par ses concurrents démocrates pour avoir, seule parmi eux, voté au Sénat la loi désignant les Gardiens de la révolution iranienne comme une "organisation terroriste". Une loi désormais perçue par l'opinion démocrate comme ayant visé à donner au président Bush un autre motif que le nucléaire pour justifier une guerre contre le régime des mollahs.

La sénatrice de New York a défendu son vote, précisant que "personne, parmi nous, n'a soutenu de se précipiter dans la guerre". Elle a eu du mal à convaincre, surtout face au sénateur de l'Illinois Barack Obama.

Ce dernier apparaît comme le principal vainqueur politique du rapport du Renseignement américain. Seul, il n'avait cessé de marteler que lui "négociera" avec l'Iran et "rencontrera le président Ahmadinejad". Or ce rapport prône une stratégie alliant pressions diplomatiques et négociations.


Barack Obama à l'université de l'Iowa, le 5 décembre 2007. | REUTERS/JASON REED

REUTERS/JASON REED Barack Obama à l'université de l'Iowa, le 5 décembre 2007.


Le directeur à la sécurité nationale de Mme Clinton, Lee Feinstein, a cependant répété, mercredi, que "ni les rodomontades musclées ni les rendez-vous sans préalable avec Ahmadinejad ne mettront fin aux ambitions nucléaires iraniennes".

Un coup pour M. Bush, un autre pour M. Obama : la stratégie de Mme Clinton est-elle payante ? Le principal problème de l'ex-première dame des Etats-Unis est qu'en menant une campagne très centriste pour se positionner comme la seule ayant l'envergure d'un chef d'Etat et la plus attentive aux attentes de l'électorat du camp adverse, elle concentre toutes les critiques. Elle subit les plus vives attaques de ses adversaires démocrates sur ses positions "droitières". Et elle ne se dépêtre pas de l'image "gauchiste" que les républicains lui ont forgée. Sites et blogs conservateurs fleurissent : "Stop Hillary", "Sorcière", "Staline en jupon"...

Un sondage du Des Moines Register, publié lundi, a confirmé l'avance (3 points) que posséderait sur elle Barack Obama dans l'Iowa. "On va commencer à s'amuser", avait lancé la veille Mme Clinton. De manière coordonnée, ses partisans mettaient alors en cause la probité et surtout la psychologie personnelle de M. Obama. "Ils paniquent", a rétorqué ce dernier.

D'autres, sans paniquer, se démènent. Le New York Times a publié mardi une enquête sur la manière dont les lobbies des entreprises de l'énergie, du transport, de la pharmacie ou de l'assurance, pronostiquant une victoire démocrate, s'activent pour obtenir que la Maison Blanche adopte une série de mesures en leur faveur avant le départ de M. Bush.

Sylvain Cypel

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