Sarkozy reaviva a querela religiosa contra a França laica
LE MONDE
AFP/ERIC FEFERBERG
a déclaré Nicolas Sarkozy, jeudi 20 décembre, lors d'un discours à la basilique du Latran.
e "discours du Latran" laissera plus de traces que la visite officielle de Nicolas Sarkozy, jeudi matin 20 décembre au Vatican, au pape Benoît XVI. Les deux hommes ont constaté leur proximité de vues sur la place de la religion dans la vie publique et, à l'étranger, sur le Liban, le Proche-Orient, l'Afrique, et la libération des otages de Colombie.
Le discours prononcé jeudi soir par le président français à la basilique du Latran, lors de la prise de possession – toute symbolique– de son siège de "chanoine d'honneur", est un acte politique d'une autre ampleur, une tentative d'enterrer la "guerre des deux France" (cléricale et révolutionnaire) et de réconcilier, pour de bon, la République laïque et l'Eglise catholique.
C'est la première fois que Nicolas Sarkozy en tant que président –il avait déjà affiché ses convictions comme ministre de l'intérieur– choisissait aussi nettement son camp, sans complexe ni dogme préétabli, sur un terrain aussi miné.
Le discours du Latran est, d'abord, une relecture de l'histoire de France à partir de ses "racines" chrétiennes, d'évidence inspirée par Henri Guaino et Max Gallo, qui faisaient partie de la délégation française à Rome. "Les racines de la France sont essentiellement chrétiennes, martèle M. Sarkozy. J'assume pleinement le passé de la France et ce lien particulier qui a si longtemps uni notre nation à l'Eglise.
AFP/OLIVIER LABAN-MATTEI
"M.Sarkozy laisse penser que la laïcité a été fermée, sectaire
et qu'elle a commis une erreur de combattre les religions.
C'est une vieille rengaine de la droite la plus cléricale".
e discours de Nicolas Sarkozy suscite de vives critiques à gauche, qui accuse le chef de l'Etat de "méconnaissance". "M. Sarkozy laisse penser que la laïcité a été fermée, sectaire et qu'elle a commis une erreur de combattre les religions. C'est une vieille rengaine de la droite la plus cléricale", assure François Hollande. Le premier secrétaire du PS met en garde contre cette vision de l'histoire française qui est, à ses yeux, "un jugement faux et grave".
Dominique Voynet est sur la même longueur d'ondes : "C'est un recul considérable et une remise en cause de qui fait de notre ciment républicain. La laïcité, c'est la liberté de culte mais dans la sphère privée, ce qui permet aux valeurs de la République de s'épanouir", estime la sénatrice (Verts) de Seine-Saint-Denis.
Jean-Pierre Chevènement est le plus sévère. "M. Sarkozy s'aventure sur un terrain qu'il connaît mal. Il risque de blesser des consciences auxquelles il devrait prêter, en tant que président de la République, autant d'attention qu'à d'autres. La laïcité, c'est la croyance dans la capacité humaine à définir le bien commun dans l'espace public, en le soustrayant de l'empire des dogmes. Cela n'empêche ni la croyance, ni la transcendance à laquelle on peut croire ou pas", juge le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.
La proposition de "laïcité positive" faite par M. Sarkozy ne trouve pas plus d'indulgence. "C'est une présomption de direction des consciences utile pour la République. Il s'agit d'une vraie confusion entre le religieux et le politique !", réplique M. Hollande.
Un refus partagé par Patrick Braouezec : "Je m'étonne que le président de la République veuille qu'il y ait plus de croyants. Comme si le spirituel et l'espérance devaient être incarnés dans le religieux", explique le député PCF de Seine-Saint-Denis. Ajoutant : "Réduire l'histoire de France à la chrétienté, c'est un peu court !"
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