terça-feira, 23 de outubro de 2007

ARGENTINE • Cristina, mieux que Ségolène et bien avant Hillary !


Le 28 octobre, les Argentins devraient élire à la présidence Cristina Kirchner, épouse de l'actuel président. Mais sait-on qu'une autre femme la talonne ? Sait-on aussi que la favorite s'est entourée d'une véritable garde prétorienne féminine, les "chicas K" ?
Cristina Kirchner
AFP
Courrier International

Le 28 octobre prochain, l'épouse de l'actuel président argentin Néstor Kirchner risque bien de devenir la prochaine présidente du pays. Et ce dès le premier tour.


Il y a quatre ans, personne ne donnait cher de l'Argentine. Le pays était plongé dans une crise profonde. Le chômage touchait plus de 20 % de la population. Les économies de beaucoup d'Argentins avaient été avalées par la déroute financière. Les files d'attente de candidats à l'émigration s'allongeaient devant les consulats de Buenos Aires. La pauvreté avait explosé.

Et, quatre ans plus tard, à lire la presse locale, le pays a radicalement changé. La Nación rappelle ainsi que le chômage ne touche plus que 7,7 % de la population – trois fois moins qu'il y a quatre ans. Et, en août dernier, la croissance atteignait un rythme de 9 % l'an.

A priori donc tout va bien sauf que ce rebond ne profite pas à tout le monde. Dans un autre quotidien, La Prensa, on apprend que l'inflation a crû de plus de 20 % depuis le début de l'année. Le chiffre est d'autant plus important qu'il ne concerne pas l'inflation globale mais celle de la "canasta" (panier de la ménagère composée d'une quarantaine de produits courants). En clair, si l'économie est repartie, la richesse du pays est toujours aussi mal répartie. On comprend alors mal la popularité de Mme Kirchner qui est, après tout, l'épouse du président en exercice.

Pour l'hebdomadaire Noticias, la réponse est assez simple : en fait, les Argentins aiment la démocratie mais détestent la politique. La politique, pensent-ils, les a ruinés de 2001 à 2003. La dictature, précédemment, les avait meurtris. Du coup, ils veulent élire de nouvelles têtes mais, surtout, pas des "politiques". C'est si vrai que l'ensemble des candidats à cette élection ont soigneusement évité les appareils politiques traditionnels.

C'est le cas de Cristina Kirchner, qui se sent avant tout "kirchnériste". Son mari n'ayant pas démérité, pourquoi aller chercher plus loin ? Et puis Cristina est une femme, et les Argentins sont plutôt flattés de faire mieux que les Français et aussi bien que leurs voisins chiliens (qui ont porté à la présidence Mme Bachelet). Cela dit, et c'est La Nación qui l'explique, l'Argentine ne part pas de rien pour ce qui est de la représentation féminine. Il y a déjà eu une présidente ; Isabel Perón, la deuxième femme du mythique Juan Domingo Perón, a dirigé le pays de 1974 à 1976. Ensuite, dès 1983, une loi a imposé un quota de 30 % de femmes au Parlement, ce qui a permis à de nombreuses femmes d'entrer en politique.

Il suffit d'ailleurs de regarder l'élection du 28 octobre prochain : derrière Cristina Kirchner, une autre femme arrive en deuxième position dans les sondages. Elle s'appelle Elisa Carrió et est créditée de 20 à 30 % des intentions de vote. Le quotidien Clarín l'a suivie en campagne. Elle ne manque pas de mordant, quand elle se réfère par exemple à l'autre grande dame de la politique argentine, Evita Perón, pour souligner sa différence avec Cristina Kirchner. Répondant à une question sur Evita, Elisa Carrió a expliqué que celle-ci était "une vraie reine, la reine des pauvres et pas une reine du Botox"… Suivez son regard. Il n'y a qu'une femme pour dire des horreurs pareilles et Cristina le sait si bien qu'elle s'est entourée d'une véritable garde prétorienne féminine.

On les appelle les "chicas K", K comme Kirchner bien sûr, ou encore les "Cristinas". Le quotidien La Nación décrit une bande de copines avocates, députées, sénatrices, toutes ferventes admiratrices de la candidate et toutes solidaires pour la défendre contre les attaques phallocrates. Il suffit qu'un éditorialiste évoque, par exemple, l'autoritarisme de la candidate pour que les "Cristinas" contre-attaquent : il y a celle qui va expliquer dans un talk-show que Cristina est une mère aimante et attentionnée et celle qui écrit une lettre ouverte pour dénoncer le machisme ambiant.

C'est très efficace, conclut La Nación, parce que la candidate, elle, continue de faire campagne comme si de rien n'était, laissant à d'autres le soin de la défendre. D'autres femmes, ici ou ailleurs pourraient bien en prendre de la graine…
Anthony Bellanger

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