La politique étrangère divise les démocrates américains
samedi 4 août à Chicago
En 1968, Marilyn Katz faisait partie des manifestants contre la guerre du Vietnam. Quand Chicago a été la proie des émeutes, en août, elle était l'une des responsables du mouvement étudiant. En septembre 2002, elle s'est retrouvée, presque malgré elle, à organiser le premier rassemblement contre la guerre en Irak. "Les gens pensaient que c'était dangereux, mais je me suis dit : "Si nous ne réclamons pas le droit de ne pas être d'accord maintenant, il disparaîtra."
Avec sa vieille amie Betty Lu Saltzman, devenue comme elle une mécène de la gauche locale, elle a repris son carnet d'adresses de 1968 et ajouté des noms : Jesse Jackson, le révérend progressiste ; les syndicats ; les étudiants. Un message a été laissé à Michelle, la femme de Barack Obama. Il n'était alors que sénateur de l'Illinois... Au dernier moment, il a dit qu'il viendrait.
Du rassemblement du 2 octobre 2002, la presse n'a gardé qu'un souvenir sans relief : des centaines de manifestants, un appel de Jesse Jackson au président George Bush à "guider le monde, pas à le diriger". L'intervention de M.Obama est à peine mentionnée. C'est pourtant là que le candidat à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2008 a bâti sa légende : "Je ne suis pas contre les guerres. Je suis contre les guerres idiotes."
Pour ses partisans, M. Obama, qui participait dimanche 5 août à une réunion démocrate à Chicago largement consacrée à la politique étrangère, est devenu l'homme qui a eu raison. Celui qui a suivi son instinct quand d'autres démocrates faisaient des calculs politiciens. C'est dire la surprise de ses amis lorsqu'ils l'ont entendu livrer des messages contradictoires, ces deux dernières semaines.
Le 23 juillet, M. Obama déclare qu'il ne voit pas d'inconvénient à envisager de rencontrer sans condition, et dès la première année de son mandat, les leaders de quelques-uns des Etats les moins démocratiques (Iran, Corée du Nord, Syrie, Cuba, Venezuela). Il entend montrer à quel point la "page" actuelle serait "tournée" s'il était élu. Mais l'argument tombe à plat devant les exclamations horrifiées. Immédiatement, Mme Clinton le dit "naïf" et "irresponsable". Elle se garderait bien de tomber dans le piège d'être "utilisée à des fins de propagande" par des régimes peu fréquentables. Piqué, M. Obama critique les adeptes du "Bush light". Il ne cite pas Mme Clinton, mais tout le monde comprend que l'affrontement ne fait que commencer.
Quelques jours plus tard, à Washington, le sénateur de l'Illinois tente de corriger les critiques par un discours sur le terrorisme au Woodrow Wilson International Center for Scholars. C'est un texte d'envergure, mais il lit rapidement, l'air contrarié. Il parle du "nouveau monde de menaces" qui est apparu le 11-Septembre, un monde dans lequel les Etats-Unis ne sont "plus protégés par leur propre pouvoir". Une nouvelle fois, il rappelle qu'il était dans la rue le 2 octobre 2002, opposé à la guerre bien avant tout le monde, alors que le Congrès, en autorisant l'intervention, s'est rendu "coauteur d'une guerre catastrophique". Suite...
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