terça-feira, 12 de junho de 2007

PS : halte au feu !

Editorial do Le Monde

C'est un réflexe pavlovien au Parti socialiste : au lendemain d'une défaite, la zizanie interne repart de plus belle. Le 6 mai, à peine la défaite de Ségolène Royal était-elle annoncée que Dominique Strauss-Kahn dressait un réquisitoire implacable sur la responsabilité de François Hollande. Rebelote le 10 juin. Au soir d'une vague bleue qui a sonné le PS - même s'il s'en sort mieux en voix qu'en 1993 et en 2002 -, les divergences au sommet du parti, illustrées par deux discours fort différents de M. Hollande et de Mme Royal, resurgissaient. Manuel Valls, maire d'Evry et député de l'Essonne, qui brûle de mettre ses talents au service de la rénovation du PS, exprimait aussitôt son ras-le-bol de voir son parti tourner "autour de la vie d'un couple".


Lundi 11 juin, ledit couple Hollande-Royal a interprété des scènes de vaudeville. En début de matinée, l'ex-candidate à l'élection présidentielle a annoncé qu'elle allait laisser un message sur le portable de François Bayrou : "Nous devons joindre nos forces, il faut travailler au cas par cas." Alors que seule une poignée de candidats du MoDem restent en lice au second tour, et que dans une trentaine de circonscriptions l'électorat centriste est en position d'arbitre entre la droite et la gauche, Mme Royal a récidivé dans sa stratégie de rapprochement avec M. Bayrou, déjà tentée sans grand résultat après le 22 avril. Son offre a depuis fait l'objet d'une fin de non-recevoir de M. Bayrou.

Le mauvais Feydau s'est poursuivi le 11 juin. Devant la presse, M. Hollande a manié une ironie mordante pour prendre ses distances avec la stratégie de Mme Royal - "Chacun peut appeler qui il veut, nous sommes dans une démocratie téléphonique" - tout en invitant les électeurs socialistes, en absence d'un candidat de gauche au second tour, à "favoriser le pluralisme", et donc à voter éventuellement pour le candidat du MoDem. Sur France 2, lundi soir, Mme Royal semblait faire un peu marche arrière. Il y a bien au sommet du PS deux stratégies discordantes pour le second tour : Mme Royal, qui pense à l'étape suivante de la rénovation, joue la carte de l'alliance avec le centre. M. Hollande, qui veut d'abord limiter les dégâts électoraux le 17 juin, privilégie les appels aux abstentionnistes, notamment à ceux qui avaient voté socialiste le 6 mai.

Ces deux stratégies illustrent cette dyarchie de fait qui s'est installée à la tête du PS, avec un premier secrétaire à la légitimité affaiblie par l'annonce de son départ et une candidate virtuelle à la direction du parti à la légitimité réelle aux yeux des militants, mais contestée par les éléphants. Il en résulte un spectacle désolant d'une scène socialiste en désordre, en quête de doctrine, de stratégie et de leadersphip. Le PS ne peut pas attendre son congrès de novembre 2008 pour engager son indispensable reconstruction.

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