Não é só no Brasil: "La presse a mauvais presse" diz o jornal Libération
Droit d’intervention
Les médias sont dans la tourmente. Une révolution technologique d’une rapidité inouïe les secoue pendant que leurs anciens équilibres économiques vacillent. Mais ils sont aussi et surtout bousculés par ceux-là même dont ils dépendent : les citoyens-lecteurs, qui exigent d’eux des changements radicaux. La vraie crise des médias est là, dans le rapport journalistes-citoyens. On le voit dans les enquêtes d’opinion, dans les pages courrier des journaux et surtout sur les sites d’information en ligne. C’est le cinquième «changement d’ère» détaillé cet été par Libération. Il n’est guère agréable pour notre profession. Mais l’épreuve est aussi salutaire. Constatation élémentaire, valable depuis au moins dix ans : dans l’opinion, la presse a mauvaise presse. Chaque année, le journal La Croix étudie avec la Sofres la confiance accordée aux médias. Le résultat n’a rien de rassurant : le nombre de ceux qui se défient des journalistes dépasse régulièrement les 40 %. Souvent, il est majoritaire. Certes la radio tire son épingle du jeu. Certes Internet a gagné un début de crédit face aux médias «officiels». Mais ce sont piètres consolations. Que dirait-on d’une industrie dont 40 % des consommateurs se défient ? Où en serait la construction automobile si plus d’un tiers des conducteurs jugeaient leur véhicule dangereux ? Et les laboratoires pharmaceutiques, si les patients ne croyaient pas dans les médicaments ? C’est pourtant le score constant obtenu depuis dix ans par l’industrie de l’information. Certains pensent que le salut viendra d’Internet. Il est vrai, qu’outre ses immenses capacités techniques, le réseau renverse le rapport entre producteur et consommateur d’information. Il offre une liberté de choix inédite et permet à tout un chacun de se faire journaliste. Le «citizen-journalism» y fleurit donc. Offre-t-il pour autant une solution à la crise de confiance qui frappe l’information mondiale ? Ce n’est pas sûr. «Le socialisme ne marchera pas, disait Oscar Wilde, il prend trop de soirées.» Comme souvent chez le prisonnier-poète de Reading, la boutade est profonde. La construction d’une société nouvelle exige une mobilisation totale des citoyens. Rare défi. Ainsi en va-t-il du «journalisme citoyen». L’écriture de l’information, petite ou grande, demande discipline, savoir-faire et longues journées. Tout citoyen est capable de le faire : il doit toutefois s’y consacrer entièrement, à l’image d’un professionnel. Faute de quoi, comme le montre notre enquête, la rumeur et la fausse nouvelle viennent infester la «contre-information» bien plus vite qu’elles ne se manifestent dans le «journalisme officiel». Ainsi la première complétera le deuxième. Il ne le remplacera pas. Non, le journalisme se sauvera d’abord lui-même. Dans les efforts pour préserver ou conquérir l’indépendance face aux pouvoirs, bien sûr. Mais surtout dans l’établissement d’un lien nouveau avec les lecteurs, les auditeurs et les spectateurs. Un lien où l’humilité et la rigueur des journalistes deviennent la règle et le droit d’intervention des lecteurs la coutume. Un lien égalitaire, où ceux qui émettent l’information ne sont plus en surplomb par rapport à ceux qui la reçoivent. A cette condition seulement, les citoyens se réconcilieront avec leurs médias. Et les médias survivront.
Enviado por Carlos
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