Extraterrestres, l'impossible contact
capable d'abriter une vie extraterrestre, détectée par une équipe d'astronomes.
'Univers porte en lui l'espérance de la vie. En douze ans, plus de 200 planètes ont été découvertes en dehors de notre système solaire. Parmi elles : Gliese 581c, décelée il y a quelques mois et potentiellement habitable (Le Monde du 26 avril). "Notre seule galaxie - et il en existe des milliards - contient 200 à 300 milliards d'étoiles, et tout laisse penser que nombre d'entre elles sont, comme notre Soleil, environnées de planètes", ajoute Yves Sillard. Ancien directeur général du CNES et ancien directeur général de l'armement, il souligne que "l'objectif du satellite français Corot lancé fin 2006, qui sera suivi, dans deux ans, du satellite américain Kepler, est de mettre en évidence l'existence de telles planètes autour des étoiles les plus proches de notre galaxie". Autant de nouveaux espoirs pour ce scientifique, qui n'a pas craint de diriger récemment un ouvrage collectif sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés. En effet, ce serait bien le diable si l'une de ces planètes ne portait pas, au moins, quelques traces de vie passée...
Pour les exobiologistes comme André Brack, une telle découverte marquerait une étape décisive. "L'existence d'un deuxième exemple d'apparition de la vie dans l'Univers suffirait pour démontrer que ce processus n'est pas unique", souligne-t-il. Mais de quelle vie s'agira-t-il ? Sera-t-elle plus ou moins évoluée que sur Terre ? Saurons-nous la reconnaître, pourrons-nous communiquer avec elle ?
La création de l'Univers remonte à 13,7 milliards d'années. Notre système solaire, lui, est né il y a 4,4 milliards d'années. "Entre ces deux dates, de nombreuses planètes équivalentes à la nôtre ont pu être le siège de l'apparition de bactéries capables d'évoluer vers des systèmes intelligents", poursuit le chercheur. De plus, la vie sur Terre n'est pas apparue tout de suite, mais environ un milliard d'années après sa formation. L'existence de civilisations très avancées car très antérieures à la nôtre est donc plausible. "Il n'est pas impossible d'imaginer que la vie soit apparue sur quelques-unes des planètes extrasolaires avec dix siècles, cent siècles, voire mille siècles d'avance sur ce qui s'est passé sur Terre", renchérit Yves Sillard. Pour favoriser une rencontre du troisième type, deux pistes s'offrent alors à nous. Chacune présentant toutefois quelques obstacles.
La première concerne la recherche active d'une intelligence extraterrestre aussi supérieure que lointaine. L'étoile extra-solaire la plus proche de nous étant située à 4,4 années-lumière de la Terre, et celle dont dépend Gliese 581c à 20,5 années-lumière, un message émis par radio (se propageant donc à une vitesse proche de celle de la lumière) mettrait respectivement 4,4 et 20,5 années pour atteindre la civilisation qui s'y trouverait. Au mieux, la réponse arriverait donc neuf ans après la question.
Ces difficultés n'ont pas découragé les promoteurs de plusieurs projets, tel le programme américain SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) qui guette les manifestations extraterrestres depuis le radiotélescope portoricain d'Arecibo. Mais sans résultat pour le moment. On rêve aux premières phrases de cette nouvelle d'Italo Calvino, tirée de Cosmicomics (1965) et intitulée Les Années-lumière : "Une nuit, j'observais comme d'habitude le ciel avec mon télescope. Je remarquai que d'une galaxie distante de cent millions d'années-lumière se détachait un carton. Dessus, il était écrit : JE T'AI VU..."
Faut-il alors se rendre sur place ? "Pour un être humain, il est envisageable dans un avenir à moyen terme, en touchant les limites imposées par la physique, d'atteindre une vitesse dix fois inférieure à celle de la lumière, soit 30 000 km par seconde", précise Yves Sillard. D'où un voyage de 44 ans pour rejoindre la planète extrasolaire la plus proche, et deux siècles pour rallier Gliese 581c. "Bien sûr, la durée des missions dépassera celle de la vie humaine", ajoute ce polytechnicien, que le défi ne semble pas du tout rebuter. "Ce seront les descendants des membres des équipages qui parviendront à destination. Mais ce n'est pas du tout impossible." A condition, bien sûr, de vraiment le vouloir.
La seconde option inverse la contrainte du voyage. Des extraterrestres, dont la civilisation serait très largement en avance sur la nôtre, pourraient avoir réussi à aller plus vite que la lumière, ou bien à courber l'espace-temps - les deux seuls moyens que nous puissions imaginer, dans l'état actuel de nos connaissances théoriques, pour réduire la durée des vols spatiaux. Dès les années 1950, le physicien Enrico Fermi avait énoncé le paradoxe découlant de cette hypothèse : si des extraterrestres sont en mesure de venir jusqu'à nous, nous devrions les voir. Or nous ne les voyons pas... Et l'existence même des vaisseaux spatiaux qui les auraient menés sur Terre reste très hypothétique.
Non pas que les témoignages fassent défaut. Au contraire. Depuis que le CNRS a créé en 1977, malgré le scepticisme de la communauté scientifique, le Groupe d'études et d'informations sur les phénomènes aérospatiaux non identifiés (Geipan), ils ne cessent d'affluer. Jacques Patenet, directeur actuel du Geipan, note que 2 600 cas d'observations ont été enregistrés en France dans les trente dernières années, dont 460 sont considérés comme des phénomènes aérospatiaux non identifiés. Parmi eux, dans 10 à 20 cas, il y a selon ces experts une "très forte présomption" de l'intervention d'un objet matériel tel qu'un vaisseau. Cela se traduit par des traces sur le sol et la végétation qui pourraient avoir été laissées par un atterrissage, la détection de l'objet sur les écrans des radars, ou encore l'observation, par des pilotes, de comportements "intelligents" de l'ovni.
Pourquoi, alors, aucune trace physique de ces visiteurs n'a-t-elle jamais été retrouvée ? "Avec nos moyens actuels d'analyse, nous serions pourtant en mesure de certifier - ou non - l'origine extraterrestre de ces phénomènes", regrette André Brack. Le sociologue Pierre Lagrange, spécialiste des parasciences, stigmatise l'anthropomorphisme qui marque souvent les investigations en matière d'ovnis. Alors qu'on les imagine petits, verts, ou plus ou moins monstrueux, les extraterrestres, s'ils existent, sont peut-être infiniment différents de nous...
"Plus ils seront capables de maîtriser leur environnement, plus ils seront éloignés de nous à la fois par la culture, la science, la biologie et sans doute le physique", estime-t-il. Cela ne les empêcherait pas forcément de prendre l'initiative et, forts de leur avance, de trouver le moyen de communiquer avec nous. Mais encore faudrait-il qu'ils trouvent un intérêt quelconque à ce dialogue... "Nous pouvons très bien être le babouin de quelque anthropologue extraterrestre, dont nous ne sommes pas près de comprendre le programme de recherche !", suggère le sociologue. Nos scientifiques eux-mêmes ont-ils véritablement envie de communiquer avec les abeilles ou les fourmis, ou seulement de les étudier ?
Si nous voulons espérer, à l'avenir, nous sentir moins seuls dans l'Univers, sans doute faut-il donc compter avant tout sur nos propres facultés d'observation. Et les développer. "Sur Terre, chaque fois que nous avons été confrontés à d'autres civilisations, nous ne les avons pas comprises", rappelle Pierre Lagrange. Il existe pourtant bien peu de différences entre nous et les Aborigènes d'Australie ou les Indiens d'Amazonie. Dans ce contexte, se demande-t-il, "serait-on capable de voir et de reconnaître des civilisations issues de formes de vie pouvant avoir pris des directions totalement différentes de la nôtre ?" C'est là toute la question.
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