terça-feira, 13 de novembro de 2007

Les syndicats ont peur de perdre la bataille de l'opinion

Les syndicats risquent gros dans les prochains jours. Le succès des grèves du mercredi 14 novembre pourrait bien se transformer en cadeau empoisonné. Que feront-ils de cette éventuelle réussite si le gouvernement, comme il n'a cessé de le répéter, ne change rien à sa réforme des régimes spéciaux de retraite ?

Le secrétaire général de la fédération des cheminots CGT Didier Le Reste, le 31 octobre 2007 au siège de la CGT à Montreuil. | AFP/BERTRAND GUAY

AFP/BERTRAND GUAY
Le secrétaire général de la fédération des cheminots CGT Didier Le Reste,
le 31 octobre 2007 au siège de la CGT à Montreuil.


Le Monde

Les syndicats risquent gros dans les prochains jours. Le succès des grèves du mercredi 14 novembre pourrait bien se transformer en cadeau empoisonné. Que feront-ils de cette éventuelle réussite si le gouvernement, comme il n'a cessé de le répéter, ne change rien à sa réforme des régimes spéciaux de retraite?

Gagner la bataille de l'opinion publique. Devant le risque d'un conflit qui dure dans les transports et la réaction critique de l'opinion à l'égard de ce qui lui apparaît comme un "conflit sectoriel contre l'intérêt général", selon Stéphane Rozès (CSA) dans Le Monde (13 novembre), les syndicats doivent convaincre l'opinion. A défaut de le faire sur leur refus de la réforme - la CGT explique que cette réforme des régimes spéciaux préfigure un durcissement du régime général des retraites pour tous les salariés, une négociation qui doit se tenir en 2008 -, ils doivent démontrer que c'est le gouvernement qui empêche une issue rapide au conflit. Bernard Thibault (CGT) explique dans le Journal du Dimanche (11 novembre) qu'il a "la conviction que le gouvernement veut le conflit pour l'exemple". François Chérèque (CFDT) déclarait, il y a une semaine : "On a le sentiment que le gouvernement nous demande de faire grève." Et Jean-Claude Mailly (FO) a demandé, lundi soir, que "le gouvernement ne joue pas la politisation du mouvement".

Sortir vite du conflit. A les entendre, les syndicats auraient préféré éviter les grèves de mercredi, annoncées reconductibles. Jusqu'à SUD Rail qui explique que "le but n'est pas de s'installer dans la grève mais de donner un message fort au gouvernement". Après le succès de la journée du 18 octobre, les dirigeants syndicaux ont attendu des concessions de la part du gouvernement. Vendredi encore, M. Thibault écrivait au ministre du travail, Xavier Bertrand, pour demander l'ouverture d'une négociation globale. "La convocation d'une telle réunion dans les meilleurs délais marquerait la volonté de travailler à une issue du conflit en cours", expliquait-il. Le ministre lui a opposé une fin de non-recevoir.

Conserver ses positions syndicales. C'est la CGT qui risque le plus gros. Premier syndicat dans les entreprises concernées par la réforme, SNCF, RATP, EDF-GDF, la CGT doit éviter de froisser ses bastions tout en défendant le principe d'égalité pour tous les salariés. Elle se retrouve, à la SNCF notamment, sous la pression de SUD qui refuse la réforme et appelle à la généralisation du conflit contre la politique sociale de Sarkozy.

La CFDT s'est déclarée en faveur de l'alignement des régimes spéciaux. Mais, échaudée par son soutien à la réforme des retraites de 2003, qui lui a coûté plusieurs dizaines de milliers de départs, elle doit obtenir des contreparties.

Ce conflit se déroule par ailleurs dans un climat syndical fébrile. Suspectés sur leur financement, les syndicats savent que la réforme de la représentativité est sur les rails. L'UNSA espère entrer dans le club fermé des cinq organisations "représentatives", CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC. Quand ces trois dernières craignent de voir les règles se modifier à leurs dépens.

Refuser la politisation et le "tous contre Sarkozy". M. Chérèque a prévenu : pas question de mélanger les revendications et de jouer la jonction avec la mobilisation des fonctionnaires du 20 novembre. De son côté, si M. Thibault dit refuser l'idée d'un "troisième tour social", il affirme la légitimité d'"autres préoccupations sociales", telle que le pouvoir d'achat. Jean-Claude Mailly (FO) ne souhaite pas non plus "a priori la jonction". Les directions syndicales veulent éviter aussi la proximité avec une mobilisation étudiante encore minoritaire. La CGT-Cheminots a mis en garde les étudiants contre d'éventuels "dérapages au niveau de la sécurité", si les étudiants bloquaient les gares mardi, tout en acceptant le principe de "convergences de ces deux mouvements".
Rémi Barroux

Une opinion défavorable aux grèves de mercredi

55 % des Français ne jugent "pas justifié" le mouvement contre la réforme des régimes spéciaux de mercredi, selon un sondage BVA pour BFM-Les Echos-The Phone House (mardi 13 novembre). Lors de la précédente journée de grève, le 18 octobre, 53 % d'entre eux partageaient ce jugement. Dans Libération (13 novembre), ils sont 59 % (sondage LH2) à se déclarer "du côté de Nicolas Sarkozy et du gouvernement" et 35 % "du côté des grévistes et des manifestants".

L'opinion reste sceptique sur la politique économique du gouvernement. Selon LH2, 79 % d'entre eux jugent que le bilan de Nicolas Sarkozy sur le pouvoir d'achat est "un échec", de même que sur la croissance économique (59 %).

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