quinta-feira, 10 de maio de 2007

BENOIT XVI AU BRÉSIL • Ferveur des fidèles, méfiance du gouvernement


Le pape Benoit XVI a commencé sa première tournée latino-américaine à São Paulo. Accueilli avec ferveur par les fidèles catholiques, il ne pourra pas néanmoins signer un accord, négocié depuis plus d'un an avec le Vatican, scellant l'emprise de l'Eglise sur l'ensemble du territoire.

Le Vatican ne parviendra pas à atteindre l'un des principaux objectifs qu'il s'était fixé à l'occasion du voyage du pape Benoît XVI au Brésil : la signature d'un accord avec le gouvernement concédant à l'Eglise davantage de privilèges sur l'ensemble du territoire national.


Le texte incluait notamment la consolidation de toutes les exemptions fiscales dont l'Eglise bénéficie, l'enseignement obligatoire de la religion et, même, l'autorisation donnée aux missionnaires d'œuvrer dans les réserves écologiques et indiennes. Le gouvernement a pris ses distances, redoutant surtout que cet accord complique le débat à venir sur la légalisation de l'avortement [prévu pour l'année prochaine] en laissant croire que l'Etat brésilien et le Vatican partageraient les mêmes valeurs.


L'ambassadrice du Brésil au Saint-Siège, Vera Machado, a nié [le 7 mai] que le gouvernement ait pris une décision officielle en la matière. Mais, dès 2006, le Brésil avait suggéré une version simplifiée du traité, faisant seulement état des bonnes relations entre le Vatican et l'Etat brésilien.


Le ministre des Affaires étrangères, Celso Almorim, ne sera pas présent lors de la rencontre entre Lula et le pape. Il a invoqué pour cela des raisons protocolaires. De son côté, le Vatican n'enverra pas son "ministre" chargé des Affaires étrangères, Dominique Mamberti, de fait de la nature pastorale du voyage.


La proposition envoyée fin 2006 a totalement surpris Brasília. L'Itamaraty [le siège du ministère des Affaires étrangères] avait convoqué à l'époque le ministre des Finances pour débattre des conséquences sur les comptes nationaux, l'exemption étant concédée non seulement aux paroisses mais aussi aux séminaires et aux autres entités religieuses. Dans la pratique, l'accord ne signifierait pas une plus grande exemption concédée immédiatement à l'Eglise. Mais cela rendrait difficile un quelconque changement dans le futur.


Par ailleurs, le gouvernement craint que les rangs évangélistes du Congrès (10 % des parlementaires) se mobilisent afin d'obtenir un accord similaire pour leurs paroisses.


Le Vatican rappelle que plusieurs gouvernements – dont celui d''Italie – ont accepté de signer des accords similaires. Le Portugal a, pour sa part, renouvelé en 2004 un accord passé avec le Saint-Siège qui reconnaît la personnalité juridique de l'Eglise, les jours de fêtes religieuses fériés et exempte le clergé de devoirs juridiques.


Le texte aborde des thèmes plus délicats : par concordat, le mariage religieux équivaut au mariage civil, le divorce se complique et l'"éducation morale et religieuse" est officialisée. Bien qu'il n'y ait aucune référence à l'avortement dans le traité, le gouvernement brésilien craint également que l'Eglise cherche à l'utiliser pour exercer des pressions contre des réformes législatives qui tenteraient de légaliser l'avortement.

Jamil Chade (au Vatican)

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