sexta-feira, 16 de novembro de 2007

La gauche radicale veut déborder les directions syndicales en généralisant le mouvement

"Tous ensemble, tous ensemble !" Dès la rentrée de septembre, le slogan du mouvement social de décembre 1995 était dans les têtes de la gauche radicale. Qu'ils soient dirigeants syndicaux, simples délégués d'entreprise, leader étudiant ou militant politique, voilà des semaines qu'ils rêvent d'un grand mouvement social et s'y préparaient. SUD, minoritaires de la FSU ou de la CGT, cadres du PCF, activistes de la LCR, de LO ou du Parti des travailleurs, ils ont tout fait pour pousser les feux de la grève.

Le scénario leur paraissait presque trop beau : un gouvernement enfin ébranlé par des sondages en baisse, un mécontentement latent sensible depuis la rentrée dans les entreprises sur le pouvoir d'achat et une réforme des régimes spéciaux touchant des bastions syndicaux combatifs.

Le succès de la grève du 18 octobre semble confirmer les pronostics. "Le mouvement social a démarré", s'enthousiasme Arlette Laguiller (LO) sur les trottoirs parisiens tandis que son alter ego de la LCR, Olivier Besancenot, explique "attendre la poursuite du mouvement". Marie-George Buffet, elle, y voit "une journée test".

L'entrée dans la danse des universités les a ravis. Les jeunes militants de la LCR, de Sud ou de la CNT (anarcho-syndicaliste) n'ont de cesse d'étendre le mouvement d'occupation et de chercher les liens avec les cheminots ou les gaziers. Comme en 1995. "Ca passe très bien dans les AG", assure Tristan Pablo, étudiant à Tolbiac. Même constat pour Adrien Bonzard responsable de Sud à Nanterre.

Pour cette gauche radicale, seul un "mouvement général" allant du secteur public aux entreprises privées pourrait faire reculer le gouvernement qu'ils accusent, derrière la remise en cause des régimes spéciaux, de préparer une nouvelle réforme générale du système des retraites.

"Si on veut gagner, on n'a pas intérêt à rester dans des luttes catégorielles", prétend Gérard Mazet, délégué CGT à la gare d'Austerlitz, membre du PCF. "Face aux attaques du gouvernement, il faut construire des convergences", renchérit Annick Coupé, porte-parole de Solidaires.

Mais derrière cette stratégie affichée, ces cadres syndicaux savent que la réalité du terrain est plus complexe. La grève "presse-bouton" ne marche pas, répètent-ils. "La convergence des luttes est compliquée car il faut trouver un mot d'ordre unificateur", analyse Jean-Michel Drevon, secrétaire national de la FSU pour la tendance École émancipée. "Dans les AG, le débat n'est pas sur la grève générale interprofessionnelle mais d'élargir la grève sur les retraites", reconnaît Christian Mahieux, secrétaire général de SUD-Rail.

Le ton reste prudent. D'autant que les premiers "reculs" des confédérations syndicales acceptant les négociations entreprise par entreprise auraient désorienté les troupes. "Après le coup de poignard dans le dos du mouvement de la CGT et les appels à la reprise de la CFDT, les salariés sont dans l'attente", estime Dominique Mezzi, dirigeant de la LCR.

"Le front syndical s'est divisé", constate-t-on à Solidaires. "C'est vrai qu'on a beaucoup attendu après le 18 octobre. L'attitude de Thibault a été vécue comme une trahison", soutient Tony Fraquelli, délégué CGT au dépôt d'Austerlitz et militant LCR.

Ces partisans de la grève dure continuent donc leur travail de fourmi. "Il y a de nombreuses fédérations départementales qui appellent à la reconduction", assure M. Mahieux. "On n'est qu'au début d'un mouvement pas à la fin. Les formes qu'il va prendre, personne ne les connaît", prévient M. Mazet. Le constat est partagé par les militants de LO.

L'objectif est de "tenir" jusqu'au 20 novembre, jour de la grève de la fonction publique. "Si la mobilisation passe le week-end, on pourra faire la jonction ave le 20", espère M. Fraquelli.

Dans les AG des cheminots, mercredi, les radicaux se sont sentis "en phase" avec la grogne générale qui poussait à la reconduction et exprimait clairement la méfiance à l'égard des directions syndicales. Plusieurs dépôts ont exigé "d'être consultés pour toute décision qui engagerait l'avenir et informés du contenu des discussions à chaque étape".

La LCR a proposé à l'ensemble des partis de gauche d'organiser une initiative de soutien aux grévistes. Et se dit même prête à mettre sur pieds des comités d'usagers pro-grève.

Sylvia Zappi

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