sábado, 10 de novembro de 2007

ONU: Sarkozy accusé de légitimer intellectuellement le racisme

(De New York) "Vous avez impressionné beaucoup de monde lors de votre séjour ici", a confié George Bush à Nicolas Sarkozy, mercredi, à l’issue de la visite officielle express (26 heures) du président français aux Etats-Unis.

"Oui stand together" titrait jeudi le quotidien conservateur New York Post, soulagé d’avoir "enfin un ami en France". On ne compte plus les ovations debout que le Congrès a réservées au successeur de Jacques Chirac. Devant les parlementaires réunis à Capitol Hill, Nicolas Sarkozy a salué les "paroles d’amour, de dignité, de justice" du "petit-fils d’esclave" Martin Luther King.

Au moment même où il savourait son triomphe à Washington, le président français était étrillé, aux Nations Unies, à New York, pour un autre de ses discours, celui prononcé le 26 juillet dernier, à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, au Sénégal. Dans les sous-sols du bâtiment de verre, Doudou Diène, Rapporteur spécial de l’ONU sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l’intolérance qui y est associée (sic) s’est inquiété, devant une commission de l’Assemblée générale, d’une tendance récente à la "légitimation intellectuelle du racisme (…) sous couvert de la défense de l’identité et de la sécurité nationale".

Le discours de Dakar et les tests ADN

Il a cité deux exemples: le Prix Nobel de médecine James Watson, contraint à la démission pour ses propos sur l’infériorité intellectuelle des Africains... et Nicolas Sarkozy pour son discours de Dakar! "Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. (...) Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l’enfance. (...) Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès", déclarait le président français dans cette adresse à la jeunesse africaine, rédigée, comme d’ailleurs l’éloge de l’Amérique prononcé devant le Congrès des Etats-Unis, par sa "plume" Henri Guaino.

"Dire que les Africains ne sont pas entrés dans l’histoire est un stéréotype fondateur des discours racistes" des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle a tranché Doudou Diène à la tribune des Nations unies. Il a témoigné de la "blessure profonde" causée par le discours de Dakar chez les intellectuels africains. Et pour enfoncer le clou, ce juriste sénégalais, nommé expert indépendant sur le racisme en 2002 par la défunte Commission des droits de l’homme de l’ONU, a dénoncé l’utilisation des tests ADN pour le regroupement familial, qui contribue selon lui à la "stigmatisation de l’immigré".

Accusations "infondées et irresponsables"

Cette offensive anti-sarkozyste, alors que le président français se faisait adouber par le tout-Washington, a suscité un vent de panique chez les diplomates français en poste à l’ONU. Ils se sont empressés de condamner les accusations "infondées et irresponsables" de Doudou Diène, en expliquant que, dans ses discours comme dans ses actes, le chef de l’Etat avait toujours démontré que la lutte contre le racisme faisait partie de ses priorités.

La nomination de ministres issus de l’immigration est souvent présentée comme un engagement contre les discriminations. A la Maison Blanche, Nicolas Sarkozy s’est d’ailleurs affiché avec Rachida Dati et Rama Yade. "A l’époque coloniale, il y avait plus de ministres d’origine africaine dans les cabinets de la République et les assemblées qu’aujourd’hui", notait perfidement l’historien camerounais Achille Mbembe, en août dernier, dans sa réponse au vitriol au discours de Dakar.

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